Moto et rando dans l’extrême nord du Vietnam (part 1/3)
Mes quatre premiers jours dans le pays se sont déroulés dans les régions d’Ha Giang, de Quan Ba, Dong Van et Meo Vac, à la frontière sino-vietnamienne. Le choix de parcourir ces provinces sauvages et préservées de l’afflux touristique a été guidé par l’envie d’authenticité et de véritable aventure.
Bus d’Hanoi à Ha Giang ville : trajet folko !
Dès que j’ai sauté de l’avion à 6 h du matin, une chaleur humide et déjà étouffante m’a envahie. Il a fallu se rendre à la gare routière My Dinh d’où partent les bus locaux pour le nord du pays. Pour cela j’ai d’abord pris une navette à l’aéroport puis un taxi qui – « simple détail » – a renversé un motard en plein centre-ville d’Hanoi (celui-ci s’est redressé avec un grand sourire, un petit salut de la main et a repris son chemin comme si de rien n’était : bienvenue au Vietnam ! :p).
Arrivée à la gare, c’est la cohue, des rabatteurs / taxi-drivers te sautent dessus et pour les éviter je file le plus vite possible au guichet prendre mon ticket. Les gens ici n’ont pas la même culture de la politesse et te doublent sans scrupule, du coup j’apprends vite et je redouble mes doubleurs, non mais !!
A cette station de bus, quasiment aucune touriste, je suis directement plongée dans la vie quotidienne des vietnamiens ! Mon bus local est petit et typique. A l’intérieur, je remarque l’exceptionnelle économie d’espace ! Sur deux étages, on trouve des sièges pratiquement inclinés comme des lits, d’une très petite longueur adaptée à la morphologie vietnamienne… et à la mienne 🙂 ! Même si ce n’est pas inconfortable, impossible de s’asseoir, la tête touche le plafond, la seule solution est donc de rester couchée… ! Le bus diffusera à fond les ballons pendant 6H30 de la musique viet quelque peu ringarde et klaxonnera toutes les deux secondes, un agréable trajet en somme :p
Pendant le trajet, alors que nous faisons une halte pipi, je rencontre une jeune vietnamienne à qui je demande le prix de la même boisson fraîche qu’elle venait d’acheter. Son nom est Linh. Malgré son faible anglais, elle essaye de communiquer avec moi et est vraiment adorable ! Dans le bus, nous essayerons de discuter tant bien que mal, alternant dialogues et questions par écrit, ce n’est pas simple mais on arrive à se comprendre. J’ai d’ailleurs adopté mon propre langage des signes et cela semble fonctionner ! On échange nos coordonnées et elle demandera aux gérants du bus de me trouver un taxi dès mon arrivée à la gare d’Ha Giang . Grâce à elle, aussitôt le bus arrivé, aussitôt un taxi mis à ma disposition ! Je n’ai donc pas besoin de me confronter à tous les rabatteurs qui, le bus même pas encore ouvert, tapent aux vitres et te sautent dessus pour prendre leur taxi… !
Arrivée à l’hôtel Truong Xuan Resort, une belle surprise m’attendait ! J’avais fait le choix d’un peu de luxe après 11h de vol et 6h30 de bus et je n’ai pas été déçue !! Je découvre ma chambre avec un lit immense, un frigo, la clim, la TV, ma salle de bain privative et ce balcon avec chaises basculantes et vue splendide sur le lac, le pied !
C’est dans ce resort que je rejoindrais Thibaut, arrivé lui quelques jours avant et finissant son tour du nord du Vietnam. Avant mon départ, je me suis mise en contact avec lui via une bourse aux équipiers sur un site de voyageurs. J’avais décidé de le rencontrer pour me donner confiance, avoir son retour d’expérience et pour me donner un certain élan dans mon aventure solo par la suite. Nous avons donc passé les deux premiers jours ensemble !
Après mon premier diner vietnamien en sa compagnie (un diner de roi pour deux qu’on n’arrivera pas à finir… !), je me mets enfin au lit. Il me tardait ce moment comme si c’était Noël… !
La mésaventure de la salle de bain fermée à clé, la rando commando et la rencontre des premiers locaux
Il est 8h, nous partons en rando d’une journée dans la montagne autour d’Ha Giang. Il fait déjà une chaleur assommante et je n’ai pu ni prendre une douche fraîche, ni me mettre de crème solaire. En effet, comme tout me semblaient trop parfait, j’en ai profité pour faire ma première connerie : fermer à clé ma salle de bain de l’intérieur la veille au soir 😀
j’ai du appuyer sur le bouton de la poignée avant de refermer la porte. Résultat, à 4h du mat’, me dirigeant vers les toilettes, je me rends compte que je ne peux plus y accéder. J’ai presque essayer de défoncer la porte mais rien à faire… Faut aller dehors ! Avec tous les bruits d’animaux, d’insectes et les araignées de la taille d’une phalange :p
Bref, le matin de la rando, heureusement que Thibaut était là pour me prêter sa crème solaire (ce qui ne m’empêchera pas de prendre un beau coup de soleil). Van sera notre guide. Il est issu de la minorité ethnique des Thais, ne parle que très peu anglais mais connait par cœur tous les chemins à emprunter et les villages alentours. La montée est difficile, déjà parce qu’il fait une chaleur de plomb, ensuite parce que je ne suis absolument pas sportive et enfin parce que Van qui, je précise, est en espèce de claquettes, marche super vite ! Mais comment fait-il ??
Mis à part l’effort surhumain que je fais pour suivre Van et Thibaut, je suis complètement sous le charme des paysages qui m’entourent et ça, ça vaut bien la souffrance de la marche ! Des rizières vertes et irriguées à perte de vue, les premières fleurs du printemps qui pointent leur nez, et, à l’horizon, des montagnes en dent de scie: j’en prends plein les yeux dès mon premier jour !
Sur la route, je rencontre une femme d’une cinquantaine d’année qui fait paitre ses buffles. Je la salue et nous essayons de communiquer… ! Elle ne parle bien évidemment pas anglais, mais elle ne parle pas non plus vietnamien… ! Elle parle dans sa langue locale (Dzaos ?!) que même Van peine à comprendre. Néanmoins, elle est bavarde et moi aussi ! Les sourires et les gestes sont de merveilleux langages universels et nous permettent d’échanger, en alternant avec les quelques connaissances de Van de cette langue.
Me voyant avec Thibaut, elle me questionne : « êtes-vous mariés ? ». Quand je lui réponds par la négative et que je demande à Van de lui expliquer que je voyage toute seule et que je ne connais Thibaut que depuis 1 jour, elle me dit : « Tu ressembles à ma fille, ma fille non plus n’est pas mariée, quel âge as-tu ? » J’essaye de lui dire mon âge en lui montrant mes doigts, elle comprend et me dit (cette fois-ci, ses gestes sont on ne peut plus explicite) : « Vous devriez vous mariés ensemble, je serai très heureuse pour vous ! » Déclenchement de fous rires collectifs :p C’est ma première belle rencontre et il me tarde les suivantes plus que jamais !
Arrivés dans une village de la minorité Thais, c’est enfin la pause déjeuner ! Van nous emmène chez des locaux, dans une maison traditionnelle qui surplombe les rizières et les champs. Le temps qu’ils préparent à manger, nous rencontrons, autour du « thé de l’hospitalité », deux couples de backpackers venus avec leur guide. Nous déjeunerons tous ensemble. Le repas sera servi par terre, comme les locaux, et il s’agit encore une fois d’un repas de roi… ! De multiples assiettes de viandes, de légumes et de fruits divers et variés nous sont présentés ! D’autres locaux nous rejoignent : pour l’occasion nous ouvrons des bières et goûtons au « rice wine ». Késako le rice wine ? Ce n’est pas de l’eau de vie de riz car un peu moins fort, mais je pense une boisson au moins à 15°, quelque chose comme ça. Ils ne cessent de nous en proposer (en trinquant « chúc sức khoẻ » ! *prononcer « Touk Sou Koué »*) et même lorsque l’on refuse une première fois, ils vous proposent à nouveau un peu plus tard, difficile de dire non à chaque fois… ! Bref, je sens déjà mes jambes s’alourdir comme à chaque fois que je prends un peu trop d’alcool, et je me dis que la descente de la montagne sera difficile… !
Mais finalement ça va ! Sur le chemin du retour, nous rencontrons à nouveau des femmes Thais et Dzaos occupées aux champs, ainsi que quelques hommes, femmes et enfants dans les villages que nous traversons. Nous croisons en particulier une femme assise à même le sol, travaillant à l’aide de son métier à tisser. Elle fabrique une sorte de ceinture avec une centaine de fils très fins de toutes les couleurs, un vrai travail de précision ! Quand je lui demande si je peux la prendre en photo, elle me dit (selon la traduction de Van) qu’elle ne veut pas car elle ne se trouve pas jolie. Je lui propose alors de faire une photo ensemble, me disant qu’elle serait peut être un peu plus à l’aise. Elle accepte mais, à la vue de la photo, dit qu’elle n’aime pas sa peau trop brune par rapport à la mienne ! Les vietnamiennes aiment préserver leur peau du soleil pour que celle-ci reste blanche, symbole de beauté ici. On les voit souvent mettre des longs vêtements afin de cacher leur peau, ou se protéger à l’ombre d’un parapluie. Bref, j’essayerai de lui faire comprendre que je préfère sa peau à la mienne toute blanchâtre mais la compréhension n’est pas aisée..!
Une journée improvisée à Ha Giang Ville
Aujourd’hui, Thibaut et moi avons décidé de se faire une journée « freestyle » !
Le matin nous décidons donc, sur les conseils du gérant du resort, de visiter les alentours de la ville. Nous partons voir un petit village à environ 2 km à pied. Nous sommes contraints de longer une voie rapide pour atteindre ce village. C’est assez désagréable du fait du trafic dense, de la chaleur humide, de la poussière et de la conduite folle des vietnamiens … ! Après un petit pont de fortune, nous arrivons enfin sur les lieux. Il n’y a pas grand-chose à voir mis à part quelques champs, rizières et maisons. Cependant, à cette époque de l’année, les rizières sont déjà parées d’un vert intense et c’est magnifique à regarder. Sur le chemin, nous rencontrons également des femmes et enfants à l’extérieur de leur maison, des hommes faisant des travaux, des buffles, des poules, des chiens mais aussi des enfants sortant de l’école et rentrant à pied, à vélo ou à scooter. Nous sommes témoins de véritables scènes de vie et ça, c’est déjà du luxe !
Après être rentrés au resort et le temps que je passe chercher quelques affaires dans ma chambre, Thibaut s’étaient laissé convaincre par le gérant de louer un scooter pour visiter Ha Giang ! Pas question pour moi de le conduire… vu la conduite de tarés ici et mon manque total d’expérience en la matière… Je laisse donc le privilège à Thibaut qui est beaucoup plus motivé que moi :p
Au final, ce fut une superbe après-midi, je ne regrette absolument pas !! Une vraie sensation de liberté et c’était assez drôle de prendre la moto à deux 😀 !
Conclusion de cette demi-journée d’impro : Vagabondage dans la ville (très grande contrairement à ce que j’avais pu imaginer), déjeuner dans un petit restaurant local (encore trop de choses à manger et nous nous faisons avoir à chaque fois… !), balade dans le marché, visite du musée de la ville (gratuit mais pas super intéressant : surtout composé de photos et affiches de propagandes du régime communiste… !) et goûter à base de jus de canne à sucre et d’ananas dans le jardin public, face à la rivière qui sépare la ville en deux.
C’était un petit moment de relaxation et celui-ci fut écourté quand il a fallu reprendre la moto aux heures de pointe (16h30-17h lorsque tout le monde sort du boulot). En effet, les motos sont à cette heure-là beaucoup plus nombreuses en ville et les gens arrivent dans tous les sens (il n’y a pas vraiment de code de la route si ce n’est la priorité à celui qui klaxonnera le plus fort… !). Nous sommes donc beaucoup plus stressés qu’à l’aller, il faut être attentifs à tout !
J’ai eu d’ailleurs la peur de ma vie quand nous avons dû emprunter un de ses ponts de fortune, étroit, à double sens et suspendu à environ 150 m de l’eau. Engagés sur celui-ci, une voiture est arrivée en sens inverse. Il nous restait que très peu d’espace et aucune protection nous séparait réellement du vide… ! Au moment de la rencontre, notre moto s’est déstabilisée et a commencé à vaciller, j’ai crié et fermé les yeux et nous sommes tout de même passés… ! Je crois que ça m’a pris 2h pour m’en remettre… !
Après tant d’adrénaline, nous déciderons, de retour au resort, de nous baigner dans le lac qui fait face à ma chambre. L’eau n’a pas l’air très propre ou, en tout cas, est très boueuse… mais le but est de nous rafraîchir et effectivement elle est bien froide… ! (il m’a fallu un temps fou pour me mettre complètement dedans :p). Je n’y serais surement pas aller si Thibaut ne m’avait pas encouragé mais c’est vrai que ça fait du bien !
Les deux jours passés ensemble touchent à leur fin. Le lendemain, mon aventure solo commençait. Je me sentais désormais confiante et pleinement d’attaque pour une virée à moto à travers les provinces nord du pays 🙂