Le bilan – Etre mapuche aujourd’hui

Le bilan – Etre mapuche aujourd’hui

Temps de lecture : 5 minutes

 

       Tout au long de mon séjour sur le domaine familial de Benita et Alejandro, je n’ai cessé de modifier mon regard et mes « croyances » vis-à-vis de cette culture autochtone.

    Si, à l’origine, j’étais venue à Currarehue dans l’intention, notamment, d’identifier et de comprendre les résurgences des traditions ancestrales mapuche, ce que j’y ai trouvé fut en réalité beaucoup plus pertinent.

 

      Partager un bout de leur vie, c’est faire sauter un ensemble de stéréotypes, parfois même inconscients, que nous construisons – nous « occidentaux » – sur les peuples natifs actuels.  

 

      Durant mon immersion, j’ai plus appris sur leur adaptation à la société actuelle et sur leur résistance face aux menaces socio-culturelles-économiques et écologiques, que sur leurs traditions. Ce qui aurait été totalement différent si j’avais été une simple touriste de passage.

 

     Bref, qu’est-ce que j’ai retenu de mon expérience auprès de cette famille ?

 

     Les communautés mapuche ne sont pas des communautés « traditionnelles », « ancestrales » comme nous avons l’habitude de nommer ces sociétés en Occident. Ce sont des communautés aussi modernes que les nôtres, à la différence près que les caractéristiques de leur culturelle divergent de celles de nos sociétés « dominantes » et homogénéisantes. Tout est histoire de perception, d’orientation du regard.

     Aussi, leur mode de vie, leur Histoire, ne sont pas figés : leur manière d’être au Monde est perméable à la société contemporaine. Comme me le témoignait Benita, « nous n’avons pas le choix, nous nous devons de vivre dans la modernité« .

 

Est-ce mauvais en soi ?

 

     Si nous, « Occidentaux », avons une certaine tendance à la nostalgie pour les traditions d’Antan (que l’on aime à se remémorer dans les musées), nous aurions tort de vouloir figer la culture des Autres dans un passé révolu, dans une disparition de leur culture dite « ancestrale ».

     Les Mapuche ne rompent pas avec leur passé, il l’adapte juste au présent.
Cette perméabilité constante à la société contemporaine est bien leur arme de résistance culturelle.

     La double éducation reçue aujourd’hui par leurs enfants – occidentale via l’école, Mapuche via la famille – pourrait en être une illustration. En s’appropriant les outils « des blancs » (des « Winkas » comme ils nous nomment) tels que les médias de communication, le droit, la politique, ou encore les nouvelles formes d’expression artistique telles que le rap et le graffiti, les générations actuelles et futures sont aujourd’hui mieux armées pour défendre et sensibiliser au respect de leur culture autochtone.

 

     Finalement, au lieu de se focaliser sur l’imprégnation des cultures natives au monde occidental dans une quête erronée « d’authenticité », il serait sûrement plus crucial d’élever nos voix pour soutenir ces peuples dans leur droit à s’autodéterminer politiquement, socialement, économiquement et territorialement, tout comme nous l’avons fait pour notre propre pays.

 

     C’est le message que Benita, son mari et ses enfants m’ont laissé…
J’espère pouvoir le diffuser à mon petit niveau et, par là-même, arriver à leur apporter autant qu’ils m’auront enrichi humainement et sur l’ouverture à d’autres conceptions « d’Être au Monde ».

 

     Je remercie encore ma famille d’accueil pour sa bienveillance, sa gentillesse et toute la confiance qu’elle m’a accordé durant mon séjour dans son foyer au cœur de la Cordillères des Andes, il y a déjà de ça 3 ans.

 

KA PEUKALLAL*

 

*à bientôt en mapudungun

 

Sources utilisées pour ce reportage :

 

Ce reportage en plusieurs épisodes a été élaboré sur la base des témoignages recueillis auprès de la famille de Benita Panguilef et Alejandro Coñoequir, et sur la base des sources complémentaires suivantes :

 

Retrouvez ici chacun des épisodes de mon reportage en territoire mapuche :

Laisse-moi un petit mot :)

error

Vous aimez ce blog ? Parlez-en autour de vous :)

%d blogueurs aiment cette page :